La pénombre montait dans le ciel, accompagnée d'un léger vent frais. Zeit finissait de ranger les outils, cette journée avait été bien remplie et les travaux avaient encore une fois bien avancé. Il prit un instant pour regarder les bâtiments. Comme cette ville avait changée ! On y trouvait désormais, une épicerie, un tailleur, des pompes funèbres et un hôtel. Nombreuses étaient les constructions qui s'étaient vues améliorées et agrandies. Zeit tenta d'imaginer sa ville quand il était arrivé ici mais cette représentation devenait de plus en plus compliquée. Au loin, dans le calme de cette fraîche soirée, le cri d'un oiseau déchira le silence.
Zeitnot tourna les talons et plongea son regard dans l'obscur lointain. Sous la voûte étoilée, il espérait une fois de plus la voir arriver mais il s'avait qu'elle n'était toujours pas partie. Et pourtant, il crut voir une silhouette sombre approcher. Ce ne pouvait être elle, il se tétanisa. Il cligna deux fois des yeux et regarda de nouveau : quelqu'un arrivait, ça ne faisait plus aucun doute.
Elle aurait prévenue, elle avait dit qu'elle préviendrait, elle lui avait dit qu'elle ne pouvait pas venir pour le moment, c'était trop tôt... Le sang de Zeit ne fit qu'un tour, son coeur s'emballa.
Instinctivement, il pensa à Minaalia et Alrdot. Elle, seule femme de la ville et lui, encore tellement jeune. Il ne devait rien leur arriver. Son regard inquiet se tourna en direction de la maison de Mina, elle était en train de rafistoler l'une de ses jupes, assise sur sa petite terrasse en bois. Zeit savait qu'il n'avait pas besoin de crier, qu'elle lisait l'inquiétude de son regard paniqué. Elle ne finit pas son ouvrage, se leva, rentra dans la maison et se mit à la fenêtre.
Il trouva la force de de dire "Jeph..." et fit un mouvement du menton en direction de la silhouette. Jeph n'attendit pas ; A grands pas, il alla dans sa maison et en ressorti peu de temps après. Il se dirigea vers l'ombre approchante en finissant de boucler son ceinturon. Intérieurement, Zeit pria qu'il n'arrive rien. C'est dans ces moments là qu'il regrettait de ne pas être croyant et de ne pas être entendu. Il resta figé là, incapable de prendre la moindre décision, tétanisé par cette ombre.
D'un mouvement du bras, Jeph dégagea le pan de sa veste qui recouvrait le holster et approcha la main de la crosse de son arme tout en continuant à avancer vers la silhouette. Ces gestes étaient sûrs et précis, l'inconnu ne pouvait se méprendre sur les intentions du Shérif à ce moment là, il stoppa sa progression en direction de la ville. Mais Jeph continuait d'avancer d'un pas sûr, peut-être trop sûr d'ailleurs...
Le vent continuait de souffler et porta aux oreilles de Zeit les sons étouffé d'une voix puis de deux voix disctinctes. Il était trop loin pour discerner les mots mais perçu cependant le mouvement de la silhouette qui levait un bras en l'air en signe d'amitié. Il y eut un court dialogue entre les deux personnages puis, Jeph se tourna et accompagna l'inconnu jusqu'à l'entrée de la ville puis jusqu'à Zeitnot.
Le Shérif ne parlait jamais beucoup, il abrégea les présentations :
"- Il s'appelle Tattoomonkey, il dit venir des plaines du nord et souhaite s'installer chez nous. On le fait dormir où ?
Il y eut un moment de silence.
- Bonjour, je m'appelle Zeitnot, le maire de Consciencius. Bienvenu chez nous, pardonnez moi de ne pas vous faire meilleur accueil, je suis... exténué. Si vous le voulez bien, vous dormirez à l'hôtel cette nuit, il nous reste quelques maisons de disponibles, vous pourrez choisir où vous installer demain. Jeph ? Tu veux bien l'accompagner ?"
Le shérif, ne répondit pas, il hocha simplement la tête en signe d'acquiescement et commença à se diriger vers l'hôtel. L'homme ne bougea pas de suite, il tourna la tête vers le Shérif, puis vers Zeit, incrédule face à cet accueil froid. Enfin, il prit le pas dans le sillage de Jeph.
Zeitnot, se dirigea lentement vers les marches de la salle polyvalente et s'assit, les jambes tremblantes et le coeur battant. Il leva les yeux vers le ciel étoilé, pris deux grandes respirations pour tenter de se calmer et essaya d'apprécier la beauté de la nuit...