Récit
Le rassemblement
Nous voilà débarqués dans ce coin perdu entre le Kentucky et le Missouri. Les primes promises sont nombreuses et une foule d'aventuriers s'est rassemblée. L'armée encadre la mission, mais les rares cadres semblent débordés par l'affluence et courent d'un point à un autre pour organiser ce qui ressemble davantage à un troupeau qu'à un posse. D'ailleurs, les duels se multiplient malgré les injonctions des forces de l'ordre, le plus souvent ignorées.
Votre serviteur, Giannis Hildoceras, ancien prospecteur désormais sans prospect, espère que cette mission de traque va lui permettre de se relancer avec les primes promises. Une chose est sûre, ce sera long, difficile et dangereux. Le premier signe est la promotion au magasin de l'UPS des flacons de soins. Il reste une semaine avant le début de la traque, il faut en profiter pour accumuler les bons de l'UPS et se constituer une réserve de matériel prévoyant tous les cas.
Pendant que les gunshooters s'excitent entre eux je procède aux achats et je noue des contacts de ville en ville. J'ai fait des listes, et je pense couvrir tout ce qui pourrait arriver. Un ensemble pour faciliter le déplacement (communément appelé "set d'indien"), le matériel de duel, le matériel de construction, le matériel de combat de fort, la recharge de forme et ensuite le complément couvrant les principaux métiers de l'ouest.
Je profite de la première semaine avant le grand départ pour repérer les lieux et effectuer des dizaines de travaux, gagnant des bons UPS et de l'argent supplémentaire pour couvrir les faux frais et l'imprévu. Heureusement, pendant cette semaine, l'armée fournit des rations d'haricots au bacon énergisants qui vous font bosser en 3x8 mais avec une seule personne. Le résultat est explosif, présageant la suite des évènements.
La chasse de Quantrill
C'est enfin l'heure du départ de la traque. Les militaires ont donné les informations : Quantrill part de Richmond à 10h et va vers son repaire au sud-ouest. Il faut l'intercepter et l'abattre. La justice est expéditive, réquisition, plaidoirie et verdict sous la forme de balles de .45
Bien avant dix heures, nous sommes rassemblés autour de l'hôtel de Quantrill. Les esprits s'échauffent pendant que le Quantrill se fait discret. C'est clair que bruyants comme on l'est, il a cherché à partir par les toits. C'est au bout d'un quart d'heure qu'il est repéré, fuyant à pied, et la fusillade commence.
C'est du lourd, on n'a pas dû tirer comme ça dans ce coin depuis la fin de la guerre civile et ce sont plusieurs centaines de cartouches qui sont tirées avec une précision toute relative. A posteriori, le bruit clinquant de balles frappant le métal laissera penser que Quantrill portait une armure, on lui avait envoyé en une heure de quoi nettoyer un troupeau de bisons sur la prairie.
Parvenu un temps à s'échapper, Quantrill est repris dans une ville voisine où il a volé un cheval. C'est de nouveau la fusillade nourrie. Il s'échappe encore et se déguise. nous sommes nombreux à tirer. Plus personne ne vise, le nuage de plomb est suffisamment dense pour qu'une balle au moins trouve sa cible.
C'est après la mi-journée que nous apprenons que l'un de nous l'a enfin déquillé. SilanaColette est chaudement félicitée, elle va toucher la prime d'un million versée par le gouvernement. Tout le monde est son ami désormais et prêt à partager ses projets d'avenir. J'hésite moi-même à lui parler d'un investissement dans une mine d'argent à ouvrir dans la Sonora, quelque chose de potentiellement très rentable mais nécessitant une mise de fonds de départ conséquente...
Cependant, alors qu'on fête cela, les militaires nous informent qu'ils ont laissé filer Quantrill. Ces incompétents ! Pendant qu'une partie des gars repartent à la poursuite du fugitif, je ressasse ma présentation de projet au saloon, perds un peu la notion de l'heure et du temps, ne vois pas qu'il n'y a plus personne et tombe au milieu des vapeurs alcooliques.
La construction de forts
En fin de compte, Quantrill a rejoint sa bande et son repaire. L'armée propose alors de construire deux forts pour protéger les péquenots du coin. Nous sommes recrutés pour la construction. Et c'est après seulement que je me remémorerai les divagations ésotériques d'un vieux Chinois, croisé en Californie : il faut respecter le feng shui, toujours (d'un autre côté, un autre Chinois disait qu'il fallait lacer ses chaussures en commençant par la chaussure gauche, toujours, mais a posteriori ça n'a pas beaucoup de rapport).
Le premier fort est monté en un rien de temps. On se partage le travail sous la direction d'un contremaître qui mouille sa chemise aussi, à savoir pour Fort Lane Haiki et Thieuxime pour Fort Totten. Les derniers clous sont plantés au milieu des vivats et subitement un ouragan déferle dans la vallée encaissée et emporte les trois-quarts des structures bâties si vite. Nous voilà donc repartis pour une deuxième construction avec des renforcements adéquats à l'épreuve des ouragans subits
C'est ensuite le feu qui ravage les parois de bois ! On reconstruit ! Et ensuite Henry qui laisse échapper sa collection de termites !
Voyant bien qu'on n'arrivera à rien avec ces deux petits forts malchanceux ou mal conçus, l'administration militaire décide de tout mettre dans une fort unique et plus grand.
Le bâtiment est construit à temps : on apprend que Quantrill l'attaquera le soir même.
La bataille de fort
La bataille de fort est probablement le point culminant de cette épopée. Les vicissitudes de la chasse à l'homme et des effets de l'ouragan ont dégarni les rangs. Il y a malgré tout quatre-vingt trois volontaires présents pour défendre le Fort McCulloch. KriKri62, s'est proposée pour nous mener à la victoire. Elle a de l'expérience dans le commandement, cinq ans cantinière dans un régiment de l'Union, ça vous pose un chef. Parce que bizarrement tout l'encadrement militaire a disparu, appelé au loin par de mystérieuses circonstances
Je rejoins la tour nord-ouest, en étant aux côtés d'anciens habitués des batailles de fort de la région de Florida. On pourra compter les uns sur les autres pour procéder aux manœuvres d'échange, laissant le temps à chacun de recharger pendant que les autres encaissent les tirs. Il y a les habituelles plaisanteries d'avant l'action, les vantardises ou les balourdises, n'importe quoi qui fasse diminuer la tension de l'attente.
Quand elle se présente, la bande de Quantrill est plus nombreuse que je ne pensais mais bien en dessous de la moitié de nos hommes, trente neuf bandits. Ils démarrent par une attaque des deux côtés du fort. Ils sont survoltés par la consommation d'alcool et de petits champignons indiens ou mexicains et ils traversent les tirs sans fléchir. Je commence à avoir un sentiment de malaise. On écorne à peine leur défense en tirant deux fois plus qu'eux. :unsure:
Je manque de vision globale. Je me concentre sur la petite zone devant moi. Mes tirs sont souvent efficaces, je frappe le plus souvent un des complices, PetitAl, mais aussi Quantrill lui même. C'en est au point qu'avec ceux qui sont sortis au nord du fort pour tourner les bandits, on pense pouvoir l'abattre et en finir ainsi avec cette attaque. Il est sévèrement touché, c'est certain, mais il s'éloigne vers l'arrière lâchement.
C'est alors qu'on commence à faiblir. C'est heureux que les rebelles ne se soient pas concentrés sur un point des fortifications, mais même dispersés comme ils le sont, le mur ouest morfle méchamment. J'arrive pour remplacer ceux qui y sont depuis le début. Dès mon arrivée sur le chemin de ronde, les balles sifflent autour de moi. Douze passent, une touche. Même pas mal ! Je réplique pendant que deux des types du mur se mettent à l'abri. Ça continue à siffler ou à frapper les rondins de la défense. L'expérience de l'ouragan aura eu du bon et cette solidité me protège. Mais il y a moins de défenseurs sur le mur, je suis plus souvent la cible et, plus exposé, je me prends des éclats. Des échardes, des estafilades, puis des coups plus mauvais : il est temps de partir, c'en est trop...
Trop tard. Je me réveille le lendemain dans l'hôpital improvisé du fort. On a gagné paraît-il. Certainement ou je n'aurais pas mon scalp au sommet du crâne en ce moment. Les attaquants sont restés dispersés, KriKri a su rallier tout le monde pour épuiser les rebelles qui ont tenté une attaque sans espoir vers le drapeau et se sont fait fusiller sur place ou ont fui.
J'ai un sentiment mitigé. La fierté d'avoir participé à la victoire, le plaisir d'avoir vu la coopération et la solidarité prévaloir et le regret de n'avoir pas pu ou pas su rester actif jusqu'au bout pour aider les copains.
La collecte de produits
Au moment où on panse nos plaies et où on pense en avoir fini avec la bande de Quantrill, les militaires reviennent tels autant de corbeaux porteurs des messages des Nornes. La bande n'est pas détruite, elle va s'attaquer à une ville. Il nous faut la défendre en concentrant autant de matériel que possible. Si les habitants fournissent chariots, lits du grand-père et poussette du petit dernier pour faire les barricades
(non, le grand-père, maigre comme il est, ça ne fera pas barrage au balles, vraiment, mais merci), nous sommes chargés de fournir les matériaux de construction ou les munitions pour la bataille à venir. L'administration militaire, suivant une habitude très réglementaire, a fait une liste précise aux chiffres ronds et aux objectifs qui paraissent un peu démesurés. D'autant qu'une bonne part des spécialistes de la gâchette facile ont préféré déserter les lieux, les primes devenant moins intéressantes pour le risque encouru.
Considérant la liste, j'ai choisi de faire les tâches les plus difficiles pour commencer, pour juger de la faisabilité des objectifs. Habitué de la prospection minière, je travaille à fournir les explosifs et surtout les détonateurs. Les premières explosions sont tout à fait normales, il s'agit d'abord de trouver la quantité optimale pour le résultat qu'on souhaite. Trop peu d'explosif, ça fait pschitt, trop d'explosif, ça disperse trop. Comme disait Raoul, toujours porté sur l'excès
"je dynamite, je disperse, je ventile !".
Il faut vite se rendre à l'évidence que la consommation de produits régénérants de l'UPS est nécessaire pour un rendement adéquat. Et que la mèche de trois centimètres est peut-être légèrement trop courte, mais il fallait essayer.
De légères contingences médicales me font aussi travailler sur des sujets divers tels les bandages médicaux, les douilles vides et la production de fil de fer barbelés
(qui ne remplace pas efficacement la mèche de trois centimètres, mais il fallait essayer aussi).
Pendant ce temps, tous mes collègues mettent un gros coup de collier et avancent bien, qui en fournissant des planches, qui en forgeant des barres de fer, d'autres apportant des clous. Ils finissent rapidement leurs objectifs et viennent nous aider à terminer sur les sujets plus délicats de la production de dynamite et de la fonte des balles pour gros calibre. Ces deux ateliers ont permis de renforcer considérablement la défense de la ville. Là où le matin du premier jour on montait sur la colline pour aller aux ateliers d'explosions, euh non, d'explosifs, il faut maintenant descendre trois niveaux pour les rejoindre. Très clairement, sans matériel d'escalade, les rebelles ne passeront pas par là.
Et en tout état de cause, ils ne passeront pas ailleurs non plus puisqu'ils ont renoncé à leur attaque. Notre motivation a su les dissuader, sans doute, et cette résolution et cet esprit collaboratif dans la défense de nos valeurs (et des valeurs monétaires qu'on attend du gouvernement et de l'UPS) a attiré l'attention d'un journaleux de l'est qui répandra la nouvelle
(Hildoceras c'est avec un H, je peux vous l'écrire si vous voulez).