Paris, le 14 Juillet 1789
Cher Ronald,
Avant de rejoindre mes camarades pour l’éternité, je t'écris ces quelques lignes qui expliqueront ce qui s’est passé.
« Depuis quelques temps, dans le royaume de France, le climat est très tendu. Les parisiens en ont assez de la crise économique et politique et veulent que les choses changent. Suite au renvoi du contrôleur général des finances, Jacques Necker, le peuple parisien commence à s’agiter et c’est deux jours plus tôt que les émeutes débutèrent. »
Dimanche le 12 Juillet 1789, j’étais avec mes amis Jacques et Edouard boire un verre à la Taverne du Coin, un bar, où nous nous donnions souvent rendez-vous. Jacques a tout de suite débuté avec la nouvelle qui a frappé tous les parisiens :
« Monsieur Necker a été renvoyé par Louis XVI hier soir, il faut faire quelque chose contre cela et montrer notre haine envers ce Gouvernement Royal. »
Beaucoup de parisiens s’agitaient autour de cette nouvelle. Le barman ramenait les bières quand tout à coup un homme entra et dit : « Les parisiens se rassemblent et appellent aux armes contre le Gouvernement Royal ! » Sans hésiter, Jacques sortit de la Taverne et suivit la foule. Nous voulions partir quand soudain le Général Pierre-Augustin Hulin nous arrêta et nous dit :
« Parisiens et Parisiennes, si vous voulez mettre le Gouvernement à genoux, nous devons agir rapidement ! Nous avons été trahis par le Roi et cette ordure nous a menti. Il a renvoyé notre contrôleur général des finances Monsieur Necker ! A-t’ il mérité cela ?! Bien sûr que non et c’est pourquoi je vous invite à marcher Mardi 14 Juillet sur la Bastille pour montrer qui sont les révolutionnaires ! »
La foule hurlait, criait, Edouard me poussa et me dit : « Voyons cher ami, nous pouvons résoudre ce problème, nous sommes parisiens et nous pouvons écrire une page d’histoire mardi, avec le général. » Il avait raison, à seulement 18 ans aux côtés du Général Hulin, ce serait sans doute une expérience unique pour moi et mes amis.
Le lendemain, le climat était toujours tendu et les affrontements entre émeutiers et gardes françaises se poursuivaient. Edouard me retrouva à la Taverne du Coin, mais Jacques n’était pas venu ce jour-là.
Le barman nous dit : « Jeunes hommes, vous pouvez faire quelque chose contre ce gouvernement ! Vous êtes jeunes et pleins d’espoir pour ce pays ! Il faut espérer et être optimiste ! Moi je suis trop vieux pour me battre, mais vous, certes, trop jeunes pour mourir… Une chose est sûre, si vous participez demain à cette marche, vous marquerez sans aucun doute l’histoire de la France ! Et un jour, nous célèbrerons cette victoire, oui la victoire du peuple français, des révolutionnaires ! »
Le discours que le barman tenait nous avait beaucoup touché. Beaucoup de personnes l’écoutaient et criaient « A la Bastille demain ! Nous gagnerons ! »
Mais avant de rentrer chez nous, nous cherchions des armes et des munitions. Edouard m’avait dit qu’auparavant, son grand-père avait un canon dans son atelier, il était armurier. Nous sommes allés chez lui et avons récupéré le canon et quelques armes, essentiellement des fusils avec des baïonnettes.
Le 14 Juillet au matin, nous nous réveillions avec une gueule de bois, et je me suis rendu compte que nous étions toujours à l’armurerie. Edouard était fier d’être français et révolutionnaire, moi aussi. Nous nous dirigions vers la Taverne du Coin, car nous ne connaissions pas le lieu de rassemblement. En effet, beaucoup de parisiens étaient rassemblés devant la Taverne et discutaient ensemble. Le Général Hulin nous salua et commença son discours :
« Cher parisiens, nous sommes ici aujourd’hui pour montrer au Gouvernement que nous n’avons pas peur d’eux ! Nous allons marcher vers la Bastille et entreprendre ce bâtiment et si les gardes françaises osent nous menacer, nous riposterons ! J’espère que vous avez tous des armes, sinon vous pouvez rentrer chez vous ! Aujourd’hui nous marquerons l’histoire de ce pays et rien ne nous arrêtera ! »
C’était un discours d’un chef, d’une personne qu’il fallait suivre et soutenir. Le général était à l’avant du cortège, tandis qu’Edouard et moi ainsi que d’autres parisiens qui avaient un chariot bâché, le suivions. Nous étions environ un millier de personnes et nous n'avions que cinq canons, ce qui était peu. Il fallait marcher environ six kilomètres avant d’arriver à la Bastille. Les parisiens étaient agités et fiers de participer à cette marche avec le Général Hulin. Quand nous sommes arrivés à la Bastille, le général s’écria poliment :
« Nous sommes ici pour négocier Monsieur le gouverneur de la Bastille ! Nous ne cherchons pas à nous battre avec des armes. Le peuple veut que les choses changent dans ce pays et moi aussi ! Laissez-nous entrer pour négocier et il n’y aura pas de blessés ! »
Personne ne répondait, un silence de mort flottait au-dessus de nous. Soudain un garde tira sur un parisien et la marche commença à dégénérer. Tout le monde prenait ses armes et commençait à tirer autour de soi. Les gardes françaises étaient peu nombreuses mais avaient beaucoup plus de canons que nous. Edouard a été violemment touché par un boulet à la jambe, je l’ai tout de suite mis en sécurité. Des cadavres gisaient dans les rues de Paris ce jour-ci, et nous étions loin de gagner la bataille. J’essayais de rassurer Edouard, mais celui-ci perdait beaucoup trop de sang, et je savais qu’il n’allait pas survivre à ses blessures. J’ai réfléchi une fois de plus au discours du barman et là, j’avais la haine envers ce Gouvernement ! Je voulais marquer l’histoire !
Je pris mon arme et me dirigeai à nouveau vers le général. Ensemble on s’entraida, je prenais à droite, lui à gauche. Un garde me toucha à la jambe, mais je résistai, un autre se jeta sur moi avec sa baïonnette et me transperça le bras. Le général l’exécuta ! Tard le soir, un groupe de personne rendait ses armes, c’était la garnison de la Bastille. Grièvement blessé, le Général Hulin me conduisit à l’hôpital de campagne qu’un groupe de parisien avait monté. Le général me serra la main et dit :
« Cher Jean, ce fût un honneur de me battre à tes côtés, j’espère que tout ira bien. Aujourd’hui, nous, les insurgés, avons gagné la bataille et marqué l’histoire de la France, y compris toi ! »
Il disparu dans l’obscurité. Je savais que je n’allais pas survivre à mes blessures, mais je suis fier de moi, d’Edouard et du Général que nous avons gagné cette bataille. Et qui sait, un jour on célébrera peut-être cet évènement dans toute la France en souvenir des personnes qui sont tombées le 14 Juillet 1789.
Adieu mon cousin
Jean