[RP solo] L'Or de Graphe

mariache320

Retraité
Par une longue soirée d’hiver, Grand-Mère Maria était assise sur son vieux fauteuil rouge, tout près de la cheminée crépitante. A ses pieds, se trouvait une ribambelle d’enfants, venus de tout le village pour écouter ses belles histoires.
«Grand-Mère Maria, s’il te plait, raconte-nous une histoire ! dit une fillette blonde comme les blés.
-Oh oui ! Une histoire ! S’il te plait ! répondirent les enfants en cœur.
-Très bien, très bien, répondit Maria de sa douce voix. »

Elle respira calmement, cherchant dans sa mémoire un conte.


« Érase una vez, un lobo que tiene mucho hambre. Decidió dar un paseo en el bosque, quizá encontraría a un conejo, y más… un conejo adulto…”

-Non Grand-Mère Maria, tu te trompes!
- Comment ça ?
-Non, ce n’est pas l’histoire du lapin adulte que tu dois raconter, c’est celle de l’or de Graphe ! C’est celle-là que nous attendons !
- Oui, tu nous l’avais promis ! dit un petit garçon.
-Je vois, je vois, murmura Maria, Soit. »

Elle ferma les yeux quelques instants, un sourire aux lèvres apparut.


« Il était une fois, dans le pays de Labutôcerf, un monsieur qui s’appelait Graphe. Sa passion, c’était les mots. Le mot dans tous ses états : le joli mot, le vilain mot, le mot imprononçable, le mot incompréhensible, le mot le plus long, le mot venu d’ailleurs. C’était sa richesse.
Les gens du village nommaient cela « L’or de Graphe ». Ils le consultaient pour comprendre un mot, vérifier son écriture, son emploi, à chaque fois qu’un doute se présentait ou tout simplement pour écouter Graphe parler. Ils l’aimaient, ils aimaient sa présence. C’était un homme humble, on ne savait pas trop son métier, mais cela devait être quelque chose d’important et surtout, il aimait partager son savoir. Monsieur Graphe était respecté.
Mais comme toute belle chose, des gens mal intentionnés voulaient voler son or…


A Kikoololbizz, un village voisin, le peuple de Kévin (des barbares sanglants) convoitait cet or. Un soir, le chef de clan, Bryan, parla :
«Ile fot trouvé un plen pour volé l’or du Graphe.
-Ms chef, c pas tres bi1 !
-Osef de ca, on es dé barbarre ou bi1 ? Je veut 7 or et je l’oré !
-Bi1. »

Mais comment pouvait-il voler quelque chose qui n’existait pas vraiment ?

Ils décidèrent d’envoyer Le Vieux pour espionner. Un vieux, c’est toujours mystérieux, les gens de Labutôcerf ne verront rien.

Le Vieux partit de Kikoololbizz, son baluchon sur l’épaule.


A l’entrée du village, il rencontra un paysan et entama le dialogue :
« Bonjour, ô toi, noble paysan ! (C’est un vieux, ça parle toujours bizarrement un vieux)
-Bonjourrr à toi voyageurrr
-Dis-moi …
-Moi !
-Aha aha, que tu es drôle ¡
-Merrrci, merrrci, c’est l’airrr du village qui nous fait cet effet!
-Ah ! … Je voudrais rencontrer Monsieur Graphe, un doute m’habite sur un mot et j’aurais besoin de son aide. Sais-tu où je pourrais le trouver ?
-Monsieurrr Grraphe ? c’est facile ! Tout drrroit pis à gauche aprrrès le pont !
-Très bien Cher Paysan, je te remercie grandement.

Le Vieux continua son chemin, fier d’avoir réussi sa mission sans encombre. Le paysan le regarda partir, et se grattant la tête « Djézouse Craï … Ça c’est du vieux ! »

Après avoir traversé le pont, Le Vieux trouva une petite maison toute simple : 1 toit, 4 murs, une porte ouverte et 2 fenêtres. « Comment un homme si riche peut-il vivre dans une si petite maison ? »

Il frappa avec le heurtoir sur la porte ouverte.
« Oui ? Entrez, entrez ! »
Le Vieux pénétra dans un salon où tout un tas d’objets inconnus s’accumulait. Il en toucha un prudemment … Il y en a de différentes tailles, des lourds, des légers. A l’intérieur, des feuilles reliées entre elles et dessus … des symboles. « Mais … que sont ces symboles ? Il doit falloir un code » pensa Le Vieux.

« Ah ! Merci ! C’est le livre que je cherchais ! dit Graphe en prenant le livre des mains du Vieux interloqué par le mot livre. Que puis-je pour vous ?
-Je cherche la signification de psychologique, répondit Le Vieux surpris.
Graphe lui expliqua avec des mots simples, des images, et de façon efficace.
-Ah ? mais je pensais que cela venait de la terre ?
-Non, non, s’exclama Graphe, tenez, prenez ce petit dictionnaire, je vous l’offre, il vous aidera dans votre quête. »

Le Vieux remercia Graphe pour le cadeau et repris le chemin de Kikoololbizz. Qu’est-ce que c’est un dictionnaire ? A quoi cela sert ? Comment le décoder ? Autant de questions qui lui parvenaient en tête.



A peine arrivé, il alla directement à la tente du chef de Clan.
« Alor ? demanda Bryan
-Merveilleux ! Un charmant petit village !
-Mésen core ?
-J’ai rencontré un paysan tout à fait formidable, nous avons conversé un long moment.
-Arete ton char Gaspar, je comprend ri1 a ton histoir !
-Nous avons parlé de la pluie, du beau temps, des récoltes, et même si je peux me permettre, un soupçon de poésie. Que Du Très Grand Bonheur !
-Wais bhon, et apre ?
-Il m’a indiqué le chemin pour aller voir Monsieur Graphe. Quel charmant homme ! Il m’a tenu un discours sur l’origine des mots. C’était beau, j’en ai encore la larme à l’œil. En cadeau, il m’a donné ceci.

Le vieux tendit l’objet au chef de clan.

-S’est-il pas merveilleux ? dit Le vieux.
-Késako ?
-Un dic-tion-naire
-Un koi ?
-Un dictionnaire
-Et ca sers a koi ?
-Je ne sais pas mais c’est beau
-Koment ca tu sé pa ?
-Non, il faut un code, et j’ai pas le code.
-Pfff ce vieux alor !

Le chef de clan pris l’objet entre ses mains, le tourna, le retourna, l’ouvrit, et découvrit une succsion de symboles, d’image.

-Ca doi valoir une fortunasse ce truc !
-Vous croyez ?
-1 peut mon n’veu ! Sinon on en auré touss !
-C’est pas faux.
-Bon, on ne peux pa comprendre le code, il fot Graphe, ya que lui qui connais la clé.



La nuit suivante, un groupe composé de Kévin, Kevina, Brandon, Brenda et Kelly, pris d’assaut la maison de Graphe, et le ramena à Bryan.

-Aha aha Graphe ! Tu est enfin à nous ! Tu va nous dir ta recete ! A nous l’or de graphe !
-Mais de quoi parlez-vous ? Je ne suis qu’un simple libraire !
-Libre aire si tu veus ! On va volé ta fortune ! Ca doi valoir un max tes objet !
-Ce ne sont que des livres !
-Des koi ?
-Des livres ! Des histoires racontées avec des mots écrits !
-Done mois le code !
-Mais il n’y a pas de code ! Tout le monde peut lire s’il veut !
-Wais wais. Pourkoi les gens viennent chez toi heing?
-Ils me demandent comment écrire un mot, ce que signifie tel mot. D’ailleurs, si vous me permettez Monsieur, vous auriez bien besoin de mon aide.
-Heing ? Quoi qu’il racontes le gonze ?
-Non, il faut dire « Comment ? Que racontez-vous ?
-Arete ! tu me bousille les esgourdes !



Une nuit de torture attendais Graphe. [Afin de ne pas faire saigner les yeux de nos chers lecteurs, nous ne donnerons pas les détails, mais vous pouvez imaginer quel type de torture il a reçu.]
La seule phrase donnée par Graphe, fut : « La richesse des mots ». Les barbares ne comprirent pas la phrase, brulèrent Graphe avec tous ses livres.
Il n’y avait pas de code dans sa phrase, la richesse était son amour des mots, l’or de Graphe. Il les aimait, les chérissait, les orthographiait correctement. C’était cela sa richesse.


Au petit matin, les villageois de Labutôcerf, découvrirent le désastre. Depuis lors, chaque 38 du mois de mai, ils rendaient hommage à Graphe en faisant une dictée, ils firent des livres pour répertorier les conseils de Graphe. Parmi les plus célèbres, on peut nommer le Larousse et le Bescherelle. »



Maria ferma les yeux, une larme coula sur sa joue. Les enfants restaient bouche bée devant son histoire.
« Maria ? dit une petite fille doucement
- Oui ?
- Elle est triste ton histoire
- Oui, malheureusement.
- Tu as connu monsieur Graphe ?
- Non, mais j’ai bien connu ses livres. Ils étaient très appréciés à une époque, mais ce temps est fini.
- Tu les as encore ?
- Oui, dit-elle nostalgique, et même plusieurs !
- Wahooo ! tu dois être riche !
- Non, simplement amoureuse des mots.

Elle se leva, sortit plusieurs ouvrages de l’étagère, et les montra aux enfants. Emerveillés, ils tournèrent les pages des livres, et comprirent ce qu’était l’Or de Graphe. Ils promirent de sauver cette richesse.

 
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