Un voyage vers l'Amérique

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DeletedUser15096

Invité
Bonjour ! Je suis contente de vous montrer un de mes textes, il a été écrit à la base pour un RP collectif, avec un ami de plume qui m'est cher. Ce RP n'a jamais été beaucoup plus loin que ce texte et je le regrette, de même qu'il n'ai pas de nom. J'ai repris quelques passages qui me semblaient flous, étant donné que ce texte commence à dater un petit peu. Peut être pourrais-je écrire la suite après ? Bref ! J'aimerai votre avis, vos commentaires en tout genre ^^


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C'est vraiment un début de texte, l'histoire n'est pas posée encore clairement, un petit incipit en sorte ^^

Le vent malmenait le navire, le bringuebalait dans tous les sens, mais il avançait tout de même vaillamment, sa proue fendant les flots, montant et descendant au rythme des vagues. L'écume qui balayait le pont avait poussé tous les passagers à se réfugier dans leurs cabines et le capitaine les comprenait très bien. Lui-même était emmitouflé dans son grand manteau imperméable et son chapeau était enfoncé le plus possible sur sa tête pour le protéger des embruns. A ses côtés son second maniait la barre avec dextérité, prêtant attention particulière à la mer déchaînée. Jusqu’au moment où il intervint :

- Capitaine, elle est encore là.​

Le regard du capitaine se porta à l'avant du navire, vers la forme trempée qui s'y tenait. Il fit un petit bruit désapprobateur suivi d'un soupir et traversa le pont en direction d’une jeune femme. Une fois arrivé à sa hauteur il s'accouda au bastingage à côté d'elle et regarda la mer avec elle, comme si de rien n’était, en gentleman qui ne voulait pas la brusquer. Elle faisait voyage dans son navire en direction de la Nouvelle-Orléans, comme tous les français de bonne famille qui se trouvaient sur ce navire.

Il l'observa du coin de l'œil, intrigué par cette femme pas vraiment comme les autres. Alors que les autres membres du sexe féminin à bord avaient été les premières à s'abriter dès que le bateau avait fait mine de tanguer, elle était restée sur le pont. Malgré le temps grisâtre et l'écume qui balayait le pont. Le capitaine l'avait déjà remarquée, toujours sur le pont et visiblement mal à l'aise dans sa robe à la dernière mode dans les salons huppés.

- Dites ma petite dame, vous ne seriez pas mieux au chaud dans votre cabine ? Finit-il enfin par dire. Je veux dire... Vous allez attraper du mal à rester dehors par ce temps, sans compter que c'est dangereux avec le roulis qu'on a là.​
- Et si je me trouve à mon aise sur le pont Capitaine ? Répondit la femme sans regarder le marin.​
- Je me verrais dans l'obligation de vous faire descendre Mademoiselle ! Laissez moi vous accompagner dans ma cabine, je vous donnerai de quoi vous réchauffer, vous êtes trempée jusqu'aux os.​
La jeune femme soupira mais suivit tout de même le capitaine, refusant au passage le bras qu'il voulait lui donner pour l'aider à se déplacer sur le pont instable. Ils descendirent les escaliers et se retrouvèrent dans la cabine du capitaine. Il fit asseoir la jeune femme sur une chaise et lui donna une couverture. Soudain pataud, il lui proposa une boisson chaude et s'activa pour la lui préparer, tantôt sur le poêle qui chauffait dans un coin de la pièce, tantôt farfouillant dans des boîtes en métal et en en extrayant diverses épices et herbes, mais continuant à la regarder du coin de l'œil.

Il la vit s'enrouler dans la couverture et sortir une boite ciselée en argent fin et qui contenait des cigarettes. Elle ouvrit la boite et grimaça devant les cigarettes longues qu'elle contenait. Puis elle surprit le regard du Capitaine, le regarda avec un air honteux avant de ranger la boite sans toucher à son contenu.
- Je… Heu... J'essaye d'arrêter, dit-elle sur un air d'excuse.​
Le Capitaine rit alors franchement, désarçonnant visiblement la jeune femme. Et lui expliqua que les marins avaient le même souci mais avec le rhum, surtout pour les soirées aussi pluvieuses que celle-ci. Puis il ramena la bouilloire et lui versa une boisson qui dégageait une forte odeur de menthe. Ils sirotèrent tous deux leur breuvage dans un silence quasi complet, puis la jeune femme prit la parole.
- Dans combien de temps serons-nous arrivés ?​
- Demain midi ma petite dame, demain midi. Enfin, si le temps reste comme ça on risque d'arriver plus tard, dans la nuit, mais selon moi, ça ne durera pas bien longtemps et ne nous retardera pas plus que ça.​
La jeune femme lui fit signe qu'elle avait compris et remit le nez dans sa tasse. Une fois la théière finie, le Capitaine raccompagna la jeune femme devant sa cabine, en la mettant en garde contre le roulis sur le navire. Puis il se dirigea vers le pont, remontant le couloir aux murs recouverts de boiseries patinées par le temps.
- Ah les femmes, toutes aussi farfelues… Je suis bien content d’être célibataire tiens, bougonna-t-il dans sa barbe.​
Le lendemain soir, alors que le soleil se couchait sur le port, le capitaine ayant fini d'aider à l'amarrage du bateau s'accouda au bastingage et regarda ses passagers regagner la terre ferme. Il aimait observer l'agitation du port alors qu'il était dans son bateau. Soudain son regard fut attiré par la jeune femme de la veille, elle avait l'air un peu perdue dans la foule. Elle balaya les alentours des yeux et, visiblement, ne trouva pas ce qu'elle cherchait. Il la vit alors soupirer et secouer la tête d'un air désabusé, avant de se diriger vers un bosquet d'arbres non loin du port, traînant sa grosse valise derrière elle.
- Je me demande bien ce qu'elle vient faire ici, chuchota le capitaine dans sa barbe.​
- Tiens Capitaine, je vous cherchais ! Intervint soudain son second. Les hommes et moi voulions ouvrir quelques fûts de rhum. Vous nous rejoignez ?
Le capitaine jeta un dernier coup d'œil à la jeune femme avant de suivre son ami dans la salle de cantine.
 
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Mick Jagger

Roi de la gâchette
C'est un très bon texte. Bravo.
Plaisant à lire.
Un bon sens du détail, sans alourdir la lecture.
Le vocabulaire est recherché.
Des phrases complexes finement utilisées, aucune faute d'expression, aucune maladresse dans la construction des phrases.

Quelques petites fautes d'orthographe, peu nombreuses. Je te les indique, non par malice, mais pour t'aider à les corriger :

Jusqu’au moment il intervint :

qui se trouvaient sur ce navire.

Je me verrais dans l'obligation de vous faire descendre Mademoiselle ! Laissez-moi vous accompagner dans ma cabine,

Puis elle surprit le regard du Capitaine,

Et lui expliqua que les marins avaient le même souci

- Dans combien de temps serons-nous arrivés ?

avant de se diriger vers un bosquet d'arbres non loin du port

Pour en finir avec les fautes, il y a deux répétitions à la fin du texte, qui peuvent être un peu lourdes.
Rien de bien grave, mais si tu veux améliorer encore, c'est là qu'un changement peut être effectué :

Soudain son regard fut attiré par la jeune femme de la veille, elle avait l'air un peu perdue dans la foule. Son regard balaya les alentours et, visiblement, ne trouva pas ce qu'elle cherchait. Il la vit alors soupirer et secouer la tête d'un air désabusé, avant de se diriger vers un bosquet d'arbre non loin du port, traînant sa grosse valise derrière elle.

''Son regard'' étant d'abord celui du capitaine, puis celui de la jeune femme, ça peut être gênant, donc si l'un des deux peut être remplacé par un substitut, ce pourrait être mieux.
Mais rien de bien grave.

Même chose, en encore moins grave pour ''son second'' dans le passage suivant :

- Tiens Capitaine, je vous cherchais ! Intervint soudain son second. Les hommes et moi voulions ouvrir quelques fûts de rhum. Vous nous rejoignez ?
Le capitaine jeta un dernier coup d'œil à la jeune femme avant de suivre son second dans la salle de cantine.

Autre remarque constructive :
Un effet d'attente est judicieusement mis en place : on attend la chute.
Evidemment, elle ne vient pas puisque le texte n'est pas terminé, mais en même temps, ça ouvre sur les interprétations personnelles.
Cela dit, j'aurais préféré une chute surprenante, une révélation : au début par exemple, même si on se doute que le thème n'est pas celui-ci, on peut se demander si cette passagère inhabituelle n'est pas un fantôme, une sirène. Le marin dit "elle est encore là"... Elle est la seule à ne pas être gênée par les conditions climatiques.
Mais dans le thème du West et de l'arrivée d'une aventurière hors norme, ce qui cadrerait davantage avec notre jeu, on retrouve en fin de texte la cohérence et le réalisme de l'arrivée dans le Nouveau Monde.
Toutefois, même en gardant ce réalisme et cette cohérence, je pense qu'une révélation, un élément surprenant en fin de texte serait intéressant.
Le texte aurait une unité, ce serait comme une petite nouvelle.
Et les suites pourraient être autant de nouvelles racontant les diverses aventures de cette aventurière, et révélant à chaque fois un nouvel élément de sa vie passée ou future.

EDIT : encore merci d'avoir partagé ce texte avec nous. Un bon moment de lecture... Je t'encourage à poursuivre.
 

DeletedUser15096

Invité
Tout d'abord merci Mick Jagger pour ce commentaire détaillé, c'est ce que je recherchais en postant ici (bon, jusque là je suis normale non ?). Les fautes ont-été corrigées, et je te remercie de me les avoir fait remarquer, j'ai tendance à ne pas me relire et à écrire au fil de la plume sans faire attention ^^ Les mots répétés aussi ont été remplacés.

En fait ce texte devait originellement raconter l'histoire de deux personnages, le mien allant retrouver celui de mon ami, avec nos points de vue interne respectifs. Sans doute que je continuerai, et l'idée de faire une chute est bonne aussi, je la garde dans un coin de la tête pour une éventuelle réécriture totale de ce texte.

Encore merci pour ce commentaire bien construit, ça fait toujours plaisir :)
 

Mick Jagger

Roi de la gâchette
De rien, Saphire.
J'ai eu plaisir à lire un texte agréable, bien construit, et qui donne envie de connaître la suite ;-)
 

DeletedUser

Invité
Cool !

J'ai jamais rien compris à l'accord du participe passé.

Je sais à qui m'adresser !;)

Le texte est très chouette c'est bien écrit et, effectivement, le français est d'un niveau certains !

Encore ! la suite !
 

DeletedUser15349

Invité
très joli , j'attends la suite de ses aventures ;)

tout ça me rappelle un peu les petites histoires du regretté journal "the west independant"
 

DeletedUser

Invité
Il y a eu beaucoup de commentaires, je n'ai plus grand chose à dire. Des félicitations, d'abord, car ta plume a bien évolué. J'étais à deux doigts de te demander de rajouter quelques virgules dans les dialogues, mais finalement ça casserait peut être leur rythme. Et puis, ça reste une petite faute. Le seul point noir, selon moi : " Je suis bien content d’être célibataire tiens, ". Supprime cette phrase. Elle en dit trop, elle donne directement tout un panel de suites logiques et stéréotypées et qui plus est, enfreint une des règles essentielles de l'écriture : donner la parole à son personnage SEULEMENT pour donner une information. Personne ne se dirait : " Les femmes sont farfelues, heureusement que je suis célibataire. " Ce n'est ni naturel, ni nécessaire. Si tu veux faire venir cette information, fais-le plus subtilement. Bon, je vais prendre un autre stéréotype comme exemple, mais tant pis :
Imaginons que la femme demande au monsieur " vous êtes marié ? " en regardant son alliance, et il dirait " désormais veuf ". Ou bien alors, lors d'une description d'un capitaine sans attache, sans famille ni patrie, ou une connerie du genre. Bref, il existe des moyens pour faire passer ces infos.

En tout cas, j'aime beaucoup et j'espère lire la suite un jour :p
 

DeletedUser15096

Invité
Il y a eu beaucoup de commentaires, je n'ai plus grand chose à dire. Des félicitations, d'abord, car ta plume a bien évolué.

Héhé, merci Rbib, venant de toi je prends ce commentaire à sa juste valeur

J'étais à deux doigts de te demander de rajouter quelques virgules dans les dialogues, mais finalement ça casserait peut être leur rythme. Et puis, ça reste une petite faute. Le seul point noir, selon moi : " Je suis bien content d’être célibataire tiens, ". Supprime cette phrase. Elle en dit trop, elle donne directement tout un panel de suites logiques et stéréotypées et qui plus est, enfreint une des règles essentielles de l'écriture : donner la parole à son personnage SEULEMENT pour donner une information. Personne ne se dirait : " Les femmes sont farfelues, heureusement que je suis célibataire. " Ce n'est ni naturel, ni nécessaire. Si tu veux faire venir cette information, fais-le plus subtilement. Bon, je vais prendre un autre stéréotype comme exemple, mais tant pis :
Imaginons que la femme demande au monsieur " vous êtes marié ? " en regardant son alliance, et il dirait " désormais veuf ". Ou bien alors, lors d'une description d'un capitaine sans attache, sans famille ni patrie, ou une connerie du genre. Bref, il existe des moyens pour faire passer ces infos.

En tout cas, j'aime beaucoup et j'espère lire la suite un jour :p

Je n'avais jamais pensé à ça en effet, ça mérite réflexion et modification. Ou même suppression, le personnage du capitaine n'étant que secondaire et servant uniquement à introduire mon héroine l'information était juste anecdotique et donc inutile en effet ;)
 

DeletedUser14751

Invité
Je ne jugerais pas le travail ci-dessus, je ne suis pas assez doué en littérature pour ça.

Par contre j'aimerai qu'on m'explique pourquoi notre cher CoMa fait la publicité de ce post via FaceBook dans la page The West France. On use de ses privilèges pour faire de la pub à ses petits copains ? Bien le staff...
 

DeletedUser

Invité
Je ne jugerais pas le travail ci-dessus, je ne suis pas assez doué en littérature pour ça.

Par contre j'aimerai qu'on m'explique pourquoi notre cher CoMa fait la publicité de ce post via FaceBook dans la page The West France. On use de ses privilèges pour faire de la pub à ses petits copains ? Bien le staff...

Bonjour,

Ce n'est pas de la publicité, juste de la communication sur la communauté The West.

J'ai décidé d'étoffer la ligne éditrice concernant les messages sur les réseaux sociaux.

J'ai commencé cela sur Twitter et je fais des essais à présent sur Facebook.

Bonne journée,
Shaw
 

DeletedUser12795

Invité
Ouah, jolie plume Saph' :) de la qualité de la langue, des tournures finement utilisées, et l'histoire en elle-même crée l'attente et peut ouvrir sur un million de développements possibles. L'ambiance y est aussi. J'aime beaucoup :) go on!
 

DeletedUser

Invité
J'aimerai votre avis, vos commentaires en tout genre ^^

A quand le prochain épisode ?

Mais sinon pourquoi la femme a honte de fumer ? L'époque voit ça mal qu'une lady fume ou c'est pour le cancer ? Je dis ça parce que quand j'étais moins vieux mes parents fumaient comme des pompiers à nos côtés, sans vraiment se rendre compte qu'ils nous intoxiquaient sans être en 1800 et des bananes. Enfin c'était l'époque des voyages en R12 blanche-rouille break siège en skaï, cendrier blindé de gitanes et vitres fermées. Je vous passe les pauses casse-croûtes au vin et à la bière(s).
Bref je vois mieux une toxico à l'éther dans ton histoire :eek:
 

DeletedUser

Invité
effacé
 
Dernière édition par un modérateur:

DeletedUser15096

Invité
Ouah, jolie plume Saph' :) de la qualité de la langue, des tournures finement utilisées, et l'histoire en elle-même crée l'attente et peut ouvrir sur un million de développements possibles. L'ambiance y est aussi. J'aime beaucoup :) go on!

Merci beaucoup 602, je pense que je n'avais pas encore montré de quoi j'étais capable ici. Et je pense à faire la suite, mais sous une autre forme qui va dévoiler un peu de l'intrigue et des raisons du voyage de mon personnage. Tout en gardant un peu de mystère évidemment :D

A quand le prochain épisode ?

Mais sinon pourquoi la femme a honte de fumer ? L'époque voit ça mal qu'une lady fume ou c'est pour le cancer ? Je dis ça parce que quand j'étais moins vieux mes parents fumaient comme des pompiers à nos côtés, sans vraiment se rendre compte qu'ils nous intoxiquaient sans être en 1800 et des bananes. Enfin c'était l'époque des voyages en R12 blanche-rouille break siège en skaï, cendrier blindé de gitanes et vitres fermées. Je vous passe les pauses casse-croûtes au vin et à la bière(s).
Bref je vois mieux une toxico à l'éther dans ton histoire :eek:

La femme a honte de fumer, comme tous les fumeurs qui se font prendre en train de craquer :D Même quand il ne connaissent pas la personne en face, ici c'est un sentiment de culpabilité. Surtout que par la suite on va pas mal reprocher ce penchant à mon personnage. Elle a prit ce penchant à la cigarette dans les salons français et s'en débarrasserait bien volontiers ^^

sur ma planète ça reste toujours mal vu qu'une femme fume idem pour l'alcool: en plus ça sent :unsure:

pkoi est-ce différent pour les hommes ? bah parce qu'ils n'ont que des défauts lolll :eek::eek::eek:

@saphire : sympa le début de l histoire, en espérant lire la suite;)

En effet, même actuellement, beaucoup de personnes trouvent "moche" qu'une femme fume, et celle-ci est censée être de famille assez aisée donc "bien éduquée" ^^

Merci beaucoup pour vos compliments ça m'encourage à continuer et à donner le meilleur =)
 

DeletedUser

Invité
Nouvelle-Orléans

Bonsoir, petite soeur...
^^

Loin des quais qui s'éteignaient au rythme du coucher de soleil, par-delà les entrepôts remplis de tabac, de coton et derrière tous les faubourgs de la ville, le cœur de la Nouvelle-Orléans débordait de vie.

Lorsque Peter poussa la porte et déboula dans la rue, c'est à peine s'il se laissa le temps d'absorber le choc. Celui du bruit d'abord. Enfin... disons plutôt du vacarme. Le cri joyeux des trompettes. Celui plus dansant des violons, ainsi que le battement sourd des tambours. Et puis les cris de la foule qui défilait inlassablement, cris de joie, d'exaltation et de folie. Ensuite la lumière. Une orgie de luminosité avait envahi les rues, aveuglant les yeux d'une multitude de couleurs vives.
Peter remit en place son couvre-chef, un haut-de-forme flambant neuf, rajusta sa veste de velours. Il empoigna d'une main gantée sa canne tandis que l'autre sortait sa montre à gousset d'une poche. Le petit couvercle ciselé pivota et révéla à la fois une photographie et l'horloge qui livra un verdict implacable.
En retard.
Peter grimaça. Il détestait être en retard. Surtout pour un jour aussi important que celui-ci. D'ailleurs le visage sur la photographie semblait presque lui lancer un regard accusateur. Oui, d'accord, il n'aurais pas dû trainer autant... Mais était-ce de sa faute si les minutes étaient si courtes alors qu'on les croyait bien plus longues. Qu'importe, le mal était fait. Il ne lui restait plus qu'à chercher une solution.
Il referma la montre, la rangea précieusement puis s'élança dans la foule rassemblée dans la rue. Inutile d'appeler un fiacre, toutes les rues du centre-ville étaient paralysées pour toute la nuit. Il traça donc son chemin à pied. Au-dessus de sa tête, une série de feux d'artifices illuminèrent le ciel d'éclats vifs et répandirent leurs éclats secs en contre-bas. Le contraste avec le ciel obscur renforçait la sensation de fosse de lumières que pouvait donner les rues et c'est à peine si l'on pouvait voir les étoiles.
Autour de lui, ce n'était que fêtards, couples dansants, groupes d'hommes et de femmes sérieusement éméchés qui s'égayaient à travers le quartier français. Certains étaient élégamment vêtus, d'autres en costumes de fête ou d'autres encore trop peu vêtus au goût de Peter.
Pourtant, ce ne fut que lorsqu'il arriva dans l'avenue principale du quartier que le jeune homme put prendre toute la mesure de la folie qui s'était emparée de la Nouvelle-Orléans.
En cette nuit du Mardi-Gras, le Carnaval battait son plein rue Bourbon.
Tirés par des chevaux couverts de tissus chatoyants, un défilé interminable de chars se frayait un chemin dans une foule en délire. Pour Peter, la scène sortait tout droit d'un rêve détrempé à l'alcool. Les structures des véhicules défiaient les lois de l'architecture et de l'imagination. Ici des danseurs aux masques grotesques se dandinait autour d'un vautour géant. Plus loin de jeunes et jolies gardes britanniques hurlaient en tenue légère sur un chariot aux couleurs de l'Union Jack. Des oiseaux de bois gigantesques et multicolores. Des serpents, des dragons, des indiens se vautrant dans la bière... Même un roi couronné de laurier siégeait haut sur son trône ambulant, pouvant presque toucher les drapeaux américains et français qui peuplaient les balcons des immeubles.
Peter aurait pu passer des heures à suivre le cortège, mais il avait bien autre chose à faire, et en l’occurrence traverser cette diablerie d'avenue. Impossible de continuer directement à pied, aucun espace n'était laissé entre les chars. Il suffisait donc de trouver un autre chemin.
Sans se démonter, le jeune homme bouscula les gens devant lui qui, loin de s'offusquer, n'en cessaient pas de sauter en rythme. De sa canne, il se hissa sur le char le plus large, c'est-à-dire celui du "roi". Il gravit le trône géant et, sans prêter attention aux gesticulations du monarque d'un soir, en atteignit le sommet sous les cris d'encouragement de la foule en contrebas. Peter passa devant l'occupant du trône qui lui lançait des cris inaudibles dans le vacarme ambiant, et cala sa canne sous une aisselle.
Puis prenant son élan, il sauta dans le vide.
Tous les yeux suivirent sa chute, jusqu'à ce qu'il saisisse à deux mains un étendard tricolore. La longue bande de tissus le rabattit vers les balcons qui surplombaient l'autre coté de l'avenue. Il s'y écrasa sans pour autant oublier de s'agripper au rebord en bois blanc. Ainsi suspendu dans le vide, tenant le rebord d'une main, l'autre ayant rattraper sa canne, le tout sous les ovations déjantées du parterre de fêtards, Peter put à loisir reprendre son souffle et regarder la jeune femme qui le regardait, médusée, du coté le plus stable du balcon.
- Hmm... bonsoir, mademoiselle.
- Bonsoir, répondit-elle simplement, les yeux toujours écarquillés.
Deux secondes passèrent avant que Peter ne reprenne la parole.
- Je vous serez gré de me tenir ceci, dit-il en lui tendant sa canne.
- Euh, oui, bien sûr.
- Merci.
Ainsi libre de ses deux mains, le jeune homme se hissa enfin sur le plancher du balcon, atterrissant juste en face de la jeune femme. Celle-ci eut d'abord un mouvement de protection en ramenant ses bras contre son corsage. Puis elle lui sourit en ramenant ses boucles brunes derrière ses oreilles.
- Au moins, vous soignez vos entrées.
- Disons qu'il m'arrive de faire un effort, fit Peter en rajustant à nouveau sa veste.
- S'il vous le souhaitez, ma chambre se trouve derrière, continua-t-elle en désignant la porte menant à l'intérieur du bâtiment. Vous pourrez certainement me raconter d'où vous venez.
- La porte est-elle fermée à clé ?
- Non, mais je peux nous éviter toute interruption malvenue.
- Je vous en prie, ne vous donnez pas cette peine... Vous permettez ?
Sans attendre de réponse, il lui reprit délicatement sa canne et se dirigea à l'intérieur.
- Je crains que mon histoire ne soit trop longue ou trop ennuyeuse. Je ne puis ce soir que vous être éternellement reconnaissant pour votre assistance. Gardez toujours cet esprit généreux et profitez de la fête !
Puis tournant les talons, Peter disparut dans l'hôtel.



Le silence.
Enfin.
Peter était rapidement sorti du batiment pour continuer son chemin loin de l'agitation du quartier français et courir vers les docks. Mais à son arrivée, les quais étaient déserts.
Évidemment.
Il consulta à nouveau sa montre et la rangea en grommelant. Ne pouvant abandonner, il résolut de parcourir le pavé bordant la jetée, continuant ses recherches à la lumière des quelques lampadaires du port.
Celles-ci se révélèrent infructueuses, du moins jusqu'à ce qu'il l'aperçoive. Ce n'était que la silhouette d'une robe qui se découpait à la lueur de la seule lampe au bout d'un ponton. Peter sourit. Mais qui d'autre aurait pu rester à écouter l'océan même lorsque la nuit la plus noire régnait.
Il s'approcha doucement vers elle, beaucoup de pensées se bousculant dans sa tête. Ce ne fut qu'à quelques centimètres de la jeune femme qu'il s'arrêta et se pencha pour lui souffler à l'oreille :
- Bonsoir, petite sœur...
 
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DeletedUser

Invité
Je trouve ça bien ringard de regarder une femme qui fume différement qu´un mec qui fume. Ma petite copine fume aussi et ça me gène pas..!
 
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